by lou dimay
Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois. Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.
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🇫🇷
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May 24, 2024
<p>En nappes pleines</p> <p>Carré de vide</p> <p>La trame enfile le sens</p> <p>À l’épiderme</p> <p>éjection du terreau</p> <p>De tes mots</p> <p>Tu flottes en abysse </p> <p>Vertige</p> <p>Sens mes mains</p> <p>Phalanges agrippées</p> <p>Ton col</p> <p>Plus large</p> <p>Que ma mémoire</p> <p>Accroche moi</p> <p>Dans le recoin</p> <p>Là où je me dissous</p> <p>Lambeau d’être</p> <p>Incertain</p> <p>Mes paupières volent en éclat</p> <p><br></p> <p>Je tourne en siphon</p> <p>Cherche le seuil</p> <p>L’habitable </p> <p>Attraction par le </p> <p>Vide</p> <p>Ton dos image</p> <p>Je colle mes paumes</p> <p>Tes cuisses</p> <p>Essore ma terreur</p> <p>Retiens moi</p> <p><br></p> <p>Rapppelle moi</p> <p>Trouve en moi, ta place</p> <p>Indélogeable</p> <p><br></p> <p><br></p> <p>J’hoquette, sursaute </p> <p>De rage</p> <p>Au milieu du typhon</p> <p>Danse solitaire</p> <p>J’entends ta voix</p> <p><br></p> <p>De l’autre côté </p> <p>Du plexiglas</p> <p><br></p> <p>Ma peau s’écorche</p> <p>Aux brisures</p> <p>Je tournoie</p> <p>J’écrase mon enveloppe</p> <p>Trop lourde</p> <p><br></p> <p>J’existe, par le vide</p> <p><br></p> <p>J’arrime nos poumons à ta voix</p> <p>Être matériel</p> <p>Je palpe</p> <p>Peau. Membres - cheveux</p> <p>Je tatônne</p> <p><br></p> <p>C’est bien toi</p> <p><br></p> <p>Mon corps d’altérité</p> <p>Le tien en extension</p> <p>Une trame</p> <p>Nous divise</p> <p>Et je reprise</p> <p>Les déchirures</p> <p><br></p> <p>Remonte nos peaux</p> <p>Nos ossatures</p> <p>Fragiles</p> <p><br></p> <p>raffistole</p> <p>Leurs immensité</p> <p>Odeur de paysage</p> <p>Mondes refuges</p> <p>Chavirer</p> <p>Torpeur pleine</p> <p><br></p> <p>Je me love dans nos épidermes</p> <p>Nos contours me rappelle</p> <p>Au monde</p> <p>J’appartiens</p> <p><br></p> <p>Peaux vibrantes</p> <p>Clarté de nos existences</p> <p>Calfeutrés</p> <p>Aux élans caressants</p> <p>Jouissance du contact</p> <p>Joie</p> <p>Douceur de nos </p> <p>Transpirations</p> <p>Explosions </p> <p>Nos êtres </p>
June 23, 2022
<p>Je me jette dans le langage comme on se jette à l’eau</p> <p>Oripeau de corps-peau</p> <p>Accueillir l’écume au large du bois flotté</p> <p>Je danse une mère salée qui pique à mes souvenirs</p> <p>Source qui berce, mes sens naviguent</p> <p>Elle monte doucement la vague en moi</p> <p>Jambes cotonneuses</p> <p>Poitrine qui trésaille</p> <p>Ondes de choc, alvéoles gonflées</p> <p>La main s’agite</p> <p>Reflux d’instants</p> <p>La peau s’étire encore</p> <p>Trop grand, trop fort</p> <p>Quel océan accueillera nos larmes</p> <p><br></p> <p>Derrière les draps, l’enfant rêve</p> <p>Tentures de coton serré</p> <p>Exploratrice de la maison</p> <p>Baignoire refuge aux flots menaçants</p> <p>Tissage de textures fluides</p> <p>Cape d’invisibilité</p> <p><br></p> <p>Elle lève son ancre</p> <p>S’éloigne de la surface</p> <p>Vague, vague sur son dos</p> <p>Colonne liquide</p> <p>Elle est aqueuse, devient frisson</p> <p>Contour du monde</p> <p>Sa peau contient tous les peuples</p> <p>Accueille ses multiples silhouettes</p> <p>Je plonge</p> <p>Rides d’autres visages</p> <p>Souffle des abysses</p> <p>Plus froid que la terre sous mes ongles</p> <p>Je n’ai plus d’épaisseur, de pesanteur</p> <p>Je touche le fond au plat de mes paumes</p> <p>Le monde en haut s’estompe</p> <p>Passage vers l’indicible</p> <p>Je coule en piqué, mes jambes pleines</p> <p>Mouvements lisses m’enfoncent</p> <p>Alliées de la descente</p> <p>Ruines et reines des mers</p> <p>Scintillements protecteurs, traces dans le sable</p> <p>S’engouffrer</p> <p><br></p> <p>Je te retrouverai</p> <p>Ta voix à mes oreilles</p> <p>Je suis brise et caverne</p> <p>Chavire l’ample nappe bleue</p> <p>Je suis remous de l’abîme</p> <p>Ridule qui gonfle</p> <p>Antre marine où sommeille l’histoire du monde</p> <p>Mémoires englouties</p> <p>Corps gonflés de sel</p> <p>Étoffe nautique, ciel des êtres d’écailles</p> <p>Plus large que nos langages</p> <p>Rideau mythique de nos lucidités</p> <p><br></p> <p>Je plonge pour me retrouver</p> <p>Attraper dans le cratère les mots perdus</p> <p>Les ramener, ondoyer en surface</p> <p>Déferler</p> <p>Propagation d’ondes furieuses</p> <p>-</p> <p><br></p> <p>Texte écrit lors d'un atelier proposé par Alice Legendre - le 23 juin 2022</p>
March 28, 2022
<p>Je ne veux pas voir le visage de la haine </p> <p>Sous les poignées acier </p> <p>Sous la colère froide de la domination contrariée </p> <p>Je ne veux pas voir leur visage déformé </p> <p><br></p> <p>La haine dans les dents carnassières </p> <p>Posséder l’autre </p> <p>Jusqu’à sa vie </p> <p>Celle ou celui que l’on a soumis </p> <p>Sous son pied, écrasé </p> <p><br></p> <p>Je veux voir son visage arraché </p> <p>à ce fascisme montant, </p> <p>vomir de voir la vie réduite à leur croyance </p> <p>d’être supérieurs </p> <p><br></p> <p>Ils n’ont pas de visage </p> <p>La nuit les a dévorés </p> <p>Ils sont vides </p> <p>Banalement, infiniment vides </p> <p><br></p> <p>Je ne veux rien savoir de leur visage </p> <p>Qui me fait hurler de rage </p> <p>Que leur mains puissent encore saisir </p> <p>le monde, bout de réel </p> <p><br></p> <p>Vomir ma colère à leur visage </p> <p>Le recouvrir </p> <p>La colère ne suffira pas </p> <p>les emmurer dans la colle, l’acier, le ciment brut </p> <p>Les ficeler dans leur propre haine </p> <p>Cette puissance noire qui les possède </p> <p>Qui détruit tout </p> <p>Qui a détruit déjà toute parcelle d’humanité </p> <p>Recouverte de cette banale inhumanité </p> <p><br></p> <p>Je ne veux rien comprendre de ce visage </p> <p>Le briser en mille fragments </p> <p>Impossible à recoller, reconstituer </p> <p>La mort sur leurs jambes </p> <p>Qui ne supporte pas de voir la moindre vie en dehors d’eux </p> <p>De leur pouvoir </p> <p><br></p> <p>Je vomis votre visage </p> <p>Je l’extirpe de ma propre chair </p> <p>Je vous le crache </p> <p>Cette part sombre qui veut ma mort </p> <p>Je vous la rends</p>
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